mes visites dans les expositions de Paris (et d'ailleurs)
24 Avril 2018
Fautrier a traversé le XXe siècle (né en 1898, mort en 1964) sans qu’on puisse le rattacher à un mouvement particulier. J’ai été frappé par ses œuvres des années 20, notamment des natures mortes dans une ambiance nocturne, tout à fait saisissantes (en particulier l’impressionnant Grand sanglier noir), mais aussi un très étonnant Christ en croix, qui pend de façon totalement inerte : à la fois c’est complètement dépourvu de tout sentiment religieux (et c’est la seule œuvre de l’exposition dont le thème puisse être rattaché à la religion), et cette façon de pendre complètement passivement traduit de façon sensible la situation d’abandon, d’anéantissement du Christ à ce moment-là… Ensuite, le style de Fautrier évolue vers une déformation des contours, une dilution des formes qui confine à l’abstraction, et cet effet est encore renforcé par son travail sur la matérialité et l’épaisseur de la peinture (extrêmement pâteuse), qui donne un résultat véritablement en relief : seul le titre confirme qu’on est bien dans le figuratif et pas dans l’abstraction (même dans la célébrissime série des Otages, il est souvent difficile de reconnaître un visage). Pour de nombreux tableaux, je n’ai réussi à y voir que de (très belles) études sur la couleur et la lumière, sans reconnaître ce qui est représenté (des arbres, des paysages, des femmes…). Donc de très belles choses, je recommande, mais il faut avouer que c’est une œuvre très austère, et pas toujours franchement facile d’accès...
Peu exposé, cet artiste au parcours solitaire est aujourd'hui considéré comme le plus important précurseur de l'art informel en 1928, inventeur des hautes pâtes en 1940 et une figure majeure d...
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