Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Promenades dans les expositions parisiennes

mes visites dans les expositions de Paris (et d'ailleurs)

« Nymphéas, l’abstraction américaine et le dernier Monet » au musée de l’Orangerie

On ne fait pas nécessairement le lien entre l’impressionnisme de Monet et tout un pan de l’abstraction américaine des années 1950. Et pourtant, cette exposition démontre de façon extrêmement convaincante qu’il y a une véritable filiation. Dans la dernière décennie de sa vie, Claude Monet se consacre principalement à sa démarche concernant les nymphéas, produisant de grandes toiles dont certaines ont dès ce moment-là vocation à être présentées à l’Orangerie, dans une scénographie que l’on qualifierait aujourd’hui « d’immersive ». Et d’un point de vue pictural, ces nymphéas donnent une impression de fin de la représentation naturaliste, de dissolution du motif dans la jouissance de la couleur, faisant aussi presque disparaître la notion de composition, en tout cas en ne la limitant plus au cadre de la toile, sans structure apparente… Les américains de l’après-guerre, dans leurs travaux sur l’abstraction, ont progressivement redécouvert cette partie tardive de l’œuvre de Monet, l’expressionnisme abstrait se complétant d’une sorte « d’impressionnisme abstrait », retrouvant une même logique de création d’un espace pictural nouveau, sans rapport avec l’espace physique, uniquement par la couleur. L’exposition fait ainsi dialoguer nymphéas et peintres américains (et j’ai été particulièrement frappé par les œuvres de Jackson Pollock, de Mark Tobey, de Jean-Paul Riopelle...), et ce jeu d’échos fonctionne vraiment, démontrant avec évidence l’influence de Monet. Cette grille de lecture pour regarder les œuvres abstraites se révèle extrêmement intéressante et féconde, avec ces idées d’espace picturale, de travail sur les couleurs, de composition qui ne s’arrête pas au cadre du tableau. Une grande réussite !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article